sur le thème original de Franz-Xaver Gruber « Stille Nacht, Heilige Nacht » pour orgue opus 32
Ce n’est pas sans hésitation que j’ai formé le projet d’écrire des variations sur la célèbre mélodie de Franz-Xaver Gruber Stille Nacht, Heilige Nacht, connue sous le titre français de Voici Noël. En fait, cette mélodie m’a toujours fasciné. Mais étant devenue le symbole musical incontesté de la fête de Noël, cette mélodie me semblait revêtir un caractère sacré. Il me paraissait donc quelque peu imprudent - et impudent - d’utiliser ce thème génial aux fins d’un jeu de variations qui n’auraient pas nécessairement un caractère religieux. Je me mis tout de même au travail, sur les conseils rassurants de mon ami André Luy, empruntant non pas le thème connu chez nous, mais celui, original, de Gruber. La version originale, par la présence des demi-tons chromatiques et la forme plus intéressante de la fin du thème, possède sans conteste un profil plus romantique.
Les Variations libres op.32 comportent une Introduction, en forme de cadence brillante - construite sur la fin et la tête du thème - suivie de 7 Variations et d’une Coda. La première variation expose le thème original, sans basse, tandis que les dessus évoquent, dans la douceur, une atmosphère très mystérieuse. La 2ème variation, sans transition, pose un problème rythmique et harmonique, véritable jeu d’alternance entre les claviers et le pédalier. La 3ème variation est en forme d’invention à 3 parties, dans un style à la fois archaïque et austère. La 4ème variation, dont le thème est à la pédale, suggère des images lumineuses et mouvantes, tandis que la 5ème, d’une très grande complexité harmonique, se déroule sous le signe de l‘irréel, que souligne l‘utilisation de la voix céleste. La 6ème variation est une étude de haute virtuosité à la pédale qui s’oppose aux accents violents des claviers. Enfin, la 7ème variation réintroduit le thème original, dans un contrepoint à 4 voix dont le soprano, en style fleuri, déroule une guirlande en sol majeur qui amène la Coda. Celle-ci, dans le tutti de l‘orgue, conclut l‘œuvre dans la grandeur, en réutilisant les éléments thématiques de manière identique à l'introduction. Cet ouvrage fut écrit en 1960 et la registration élaborée avec le précieux concours du grand artiste qu’est André Luy à qui cette page - ma première pour l’instrument cher à Bach - est dédiée. Il en réalisa la création le 24 décembre 1960 à la Cathédrale de Lausanne. L'oeuvre figure dans un album CD consacré à mes œuvres pour orgue par Jean-Christophe Geiser.
L'œuvre pour et avec Orgue
Jean-François Michel (trompette),
Patrick Lehmann (trompette),
Pierre-Alain Monot (trompette),
Jean-Christophe Geiser (orgue)
Noëls romantiques et modernes
René Oberson (orgue)