pour piano opus 54
La Sonata fantastica fut écrite du 4 novembre 1975 au 4 avril 1976. Dédiée à mon amie Maria Tipo en témoignage d’admiration pour ses exceptionnelles qualités d’interprète - d’où son titre italien - l‘œuvre fut créée par Michel Perret le 30 mars 1977 sur les ondes du Deuxième Programme de la Radio Suisse Romande. Le même interprète en fit la création publique au cours d‘un concert du Groupement lausannois de la Société Internationale de Musique Contemporaine (SIMC) dédié à mon 70e anniversaire et donné le 20 octobre 1987 au Studio Victor-Desarzens à la Maison de la Radio à Lausanne.
Le premier mouvement débute par un prélude grave et interrogatif Lento qui s’anime progressivement jusqu’à un crescendo provoquant une sorte de rupture dans laquelle s’enchatne l’Allegro furioso sur un tempo constamment haletant. Un bref interlude Moderato de caractère lyrique interrompt ce discours impitoyable. Quelques mesures fortissimo rappellent le prélude et l’allegro conclut par cinq mesures de la plus grande violence.
Le deuxième mouvement s’ouvre par une rêverie impressionniste. Puis intervient une marche funèbre implacable et fantomatique, puis forcenée et désespérée. Un court passage dans la douceur se veut comme un écho de l’au-delà puis la marche funèbre reprend et se perd dans un autre monde en retrouvant le rêve du début.
La dernière partie de l‘œuvre est précédée d’un passage lent et lourd, laissant présager la folie du Prestissimo qui suit, dont l‘écriture en octaves parallèles, entrecoupées de dissonances rageuses et syncopées, doit donner l’impression d’un délire irréversible. Deux coulées puissantes et montantes d’arpèges alternés feront place à un Andante en forme de choral en Do puis repris, orné, en Ré. Mais ce répit ne dure pas : le vent de folie souffle de plus en plus fort et, après une brève citation du Lento pesante, s’achève dans un trille dément à deux mains à l’aigu et s’effondre dans un glissando au grave du clavier.
Itinéraire avec M.A.R.C.
Marc Pantillon (piano)